Gérer la douleur et la souffrance dans le sport, vaste sujet !
Que serait le sport sans un soupçon de douleur ? Imaginez … Aucune information du corps indiquant que les muscles sont en actions, que le métabolisme devient acide, que les articulations sont fortement sollicitées ou que le système cardiovasculaire est à fond. Aurions-nous autant d’entrain à aller s’entrainer ?
Lors de l‘IronMan de Nice, chacune de mes fibres musculaires me faisaient souffrir, les hanches, les genoux, les articulations souffraient. Cet ultime moment du passage de la ligne d’arrivé aurait-il été aussi sublime sans ces efforts et cette souffrance ? Je ne crois pas.
Le cerveau est bien fait. Dans le sport il va inhiber (complètement ou partiellement) certains signaux de la douleur PENDANT l’action.
Comme par exemple sur des sports de combats, sur un match de rugby ou des voies d’escalade durant lesquels on ne ressent pas (ou peu/moins) les sensations de douleur à proprement parler. Ce n’est qu’après coup que l’on peut faire un « état des lieux physique ».
Il convient de séparer clairement deux termes pour y voir plus clair : gérer la douleur VS gérer la souffrance.
Douleur : sensation pénible, désagréable, ressentie dans une partie du corps.
Souffrance : fait de souffrir, état prolongé de douleur physique ou morale.
« Le sport ne serait pas sans un peu de souffrance«
Gérer la douleur | Physiologie
La douleur perçue par l’athlète est issue d’un procédé neurologique regroupant des informations afférentes et efférentes*. Sur ce parcours il intervient à plusieurs niveaux, des zones du cerveau qui vont :
– Évaluer l’intensité de la douleur perçue,
– RÉGULER la perception de cette dernière en fonction de l’état émotionnel et mental de l’individu, mais aussi d’autres facteurs neurophysiologiques.
LE SIGNAL DE LA DOULEUR EST MODULABLE
*En neurologie, message nerveux afférent : informations émanant des récepteurs sensitifs du système nerveux périphérique et remontant vers le système nerveux central.
Un message nerveux efférent : informations émanant du système nerveux central en direction des organes effecteurs muscles, glandes) Les messages nerveux efférents engendrent la réponse motrice.
Détails du circuit de la douleur : cliquez ici
PERCEPTION DE LA DOULEUR : INFLUENCÉE PAR LE TEMPS
➤ Passé : mes expériences passées, précédents entrainements, accidents, présence ou non d’hématome, conséquences de l’accident, etc.
➤ Futur : ma projection dans l’avenir de cette douleur. Ainsi l’anticipation des douleurs sur la barre des 30k au marathon, de la fin d’un WOD, des 100 derniers mètre d’un 400.
Ou même d’une nuit en ultratrail, d’un crux en escalade d’un stage commando et de certains tests de pré-selection.
Ainsi notre perception de la souffrance est influencée par une multitude de facteurs neurologiques, physiologiques, et liés à nos expériences passées et projections futures.
Comment mieux gérer la souffrance / douleur ?
Voici dans le schéma ci-contre des pistes de travail à explorer avec votre coach / préparateur mental. Chacun des pôles vont avoir certaines spécificités et devront être adaptés à l’athlète.
En quelques lignes, le détail de chacun des pôles :
Valeurs associées : Le pour quoi vous faites ça ? Le dépassement, être plus fort, se prouver quelques chose, prouver aux autres, pour le coach, pour un parent, pour soi-même. D’immenses exploits sont fait par des gens pour lesquels les valeurs associées sont évidentes : faire un Ironman avec un frère tétraplégique, prendre une revanche sur la vie après une période difficile, etc. Les valeurs méritent parfois d’être « conscientisées » pour redevenir vraiment efficaces. Quelles sont les vôtres ?
➤ Lien Gestion des émotions & Déclencher le Beast Mode
Respiration : La respiration permet de revenir à l’essentiel, réguler consciemment et volontairement sa respiration c’est reprendre la main sur un grand nombre de processus mentaux involontaires. En fonction du besoin il est possible d’adopter une respiration plutôt dynamique (ex : méthode Wim Hof) ou plutôt calme (type sophrologie).
Ancrages : Technique de programmation neuroliguisitique (PNL), permettant de déclencher une émotion ou un état mental sur commande. Les ancrages sont déjà bien présents dans de nombreux sports. Par exemple, le fait de se voir courir de l’extérieur (« je me vois courir, donc je ne ressens plus la souffrance du corps« ) comme Kilian Jornet l’indique si bien dans son bouquin « Courir ou Mourir » peut s’automatiser via un ancrage.
➤ Lien gestion des émotions
Autohypnose : Le sportif est bien souvent en autohypnose lors de sa pratique, sa perception du temps, du corps, de l’espace change. Elle n’est pas toujours le fruit d’une réalité absolument objective. Apprendre l’autohypnose c’est apprendre à se servir de ces état pour les orienter vers des états optimaux à la performance, donc plutôt dissociés de la douleur.
➤ Article à venir.
Imagerie mentale : Renvoi à certaines techniques vues plus haut. L’imagerie mentale va permettre d’éteindre ou de réduire l’activité des zones cérébrales en jeux dans la perception de la douleur.
➤ Lien : imagerie mentale
Focus : Le focus, c’est la concentration. Au plus vous vous concentrez sur le négatif, sur le problème, sur la souffrance. Au plus elle s’amplifie.
Apprenez à :
– réorienter votre attention vers le positif, votre objectif et uniquement votre objectif,
– utiliser votre attention sélective,
– Jouer avec des techniques de distraction.
J’espère que cet article vous a été utile. N’hésitez pas à le partager et/ou à laisser un commentaire 🙂.
crédits photos :
ATrPix – athlète : Wendy Bru
Cédric Loustaunau – athlète : Fanny
Photo by Solal Ohayon on Unsplash